Sattelzeit by Elisabeth Décultot Daniel Fulda

Sattelzeit by Elisabeth Décultot Daniel Fulda

Auteur:Elisabeth Décultot, Daniel Fulda
La langue: deu
Format: epub
Éditeur: Walter de Gruyter
Publié: 2016-03-15T00:00:00+00:00


I.L’Antiquité « dévoilée » : l’offensive des libres penseurs

Les études sur l’histoire des origines distinguent l’origine de l’histoire de celle des peuples. Il ne s’agit plus seulement de faire remonter au plus haut l’antiquité de sa nation pour assurer son rang et sa prééminence.816 Au delà de l’origine des peuples, l’objectif est d’atteindre le peuple originel, instituteur du genre humain : non pas le peuple hébreu de la Bible, mais l’Ancêtre dont le peuple hébreu ne fut qu’un rameau tardif. Le statut de l’histoire des origines change ainsi à une époque où le récit traditionnel n’est plus recevable, ni reçu, par les philosophes et les historiens qui ne disposent pas de méthodes ni d’outils pour écrire à nouveaux frais cette histoire.

Signe des préoccupations des esprits, les ouvrages sur les origines se multiplient en France. Les années 1760 ont été marquées par une virulente offensive des athées. La suppression de la Compagnie de Jésus (1763), qui intervint dans un climat d’intolérance et de fanatisme religieux, sembla prédisposer les esprits las des incessantes polémiques à accueillir favorablement les ouvrages qui dénonçaient ces maux. Le baron d’Holbach (1723–1789) en profita pour livrer au public des traductions remaniées ainsi que toute une série d’ouvrages personnels. Un nombre considérable de pamphlets anti-chrétiens furent ainsi imprimés entre 1766 et 1772, en l’espace de six années.817 Ces ouvrages appelèrent des réponses : d’athées, de libres penseurs, de jésuites, de catholiques modérés, de protestants militants, de déistes.

L’offensive des libres penseurs et du baron d’Holbach a clairement défini le terrain : celui de l’universalité. Il ne s’agit pas de se quereller sur le peuple originel, mais de retracer les grandes lignes de l’histoire de l’humanité. Ce qui revient à privilégier les théories matérialistes de l’histoire des religions : la religion naît de la crainte, de la faiblesse et de la ruse. Elle est aussi une imposture. Créée par la peur, la religion est un instrument de pouvoir politique, comme l’expliquait John Trenchard (1662–1723) dans l’Histoire naturelle de la superstition, un texte anonyme de 1709, que publie alors d’Holbach. Pour Trenchard, l’origine des cultes idolâtres réside dans la personnification de la nature qui donne très tôt lieu à l’invention poétique d’allégories, source de cultes superstitieux et idolâtres, dûment encouragés par les princes et par les prêtres.818 La religion, renchérit d’Holbach dans La Contagion sacrée (1767), est une forme d’aliénation dont l’homme, de tout temps, a été la victime. Il s’agit donc de démonter les mécanismes qui ont favorisé les différentes formes de tyrannie et de despotisme, liées à l’alliance des pouvoirs temporel et spirituel ; de libérer l’homme d’une éducation obscurantiste, de lui enseigner les principes véritables de la morale, de la vie sociale et du bonheur. Le passé n’est pas différent du présent. En refusant toute forme de mise en perspective historique, d’Holbach insiste sur le fait que les erreurs originelles continuent de se perpétuer, et que l’ignorance qui en fut la cause n’a pas disparu. Le temps des origines apparaît comme un repoussoir, un modèle d’erreurs et d’errements



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